Un poison violent : l'Orgueil
L’une des triades de l’Ile de Bretagne indique qu’il y 3 erreurs qui font retomber inévitablement dans le cercle d’ABRED, c'est-à-dire celui des réincarnations indispensables, ce sont :
- l’orgueil égoïste, qui fait retomber en ANWYN (l’abime, le monde des éléments et des êtres rejetés),
- le mensonge égoïste, qui fait retomber en GOBREN (le monde de l’épreuve où l’être est soumis à l’injustice),
- la cruauté égoïste, qui fait retomber en KENMIL (le monde de la vie instinctive et bestiale).
Si l’orgueil est cité en premier, ce n’est certes pas pour minimiser l’impact négatif des 2 autres erreurs, mais, notre feu Grand Druide /|\ BOD KOAD, dans son ouvrage : « LES DRUIDES science et philosophie » la considère comme la plus grave car les suivantes n’en seraient que les dérivés logiques. Il nous indique également les 3 violences causées par l’orgueil :
- jeter la confusion dans tout, de sorte que la VERITE n’est plus apparente,
- entraver toute liberté, de sorte qu’on ne peut se libérer d’Abred,
- commettre une usurpation contre l’INCREE, de sorte qu’il ne peut y avoir de justice.
Dans un ouvrage remarquable - Après la mort- Léon DENIS, Druide /|\ SPISWELL, a réservé un paragraphe des plus intéressants sur l’orgueil. Tout comme le Druide /|\ BOD KOAD, il le considère comme le plus redoutable des vices, comme étant le germe de tous les autres vices : « C’est l’hydre monstrueuse toujours en voie d’enfantement, et dont les rejetons sont des monstres comme elle ».
Il est évident qu’aussi loin que nous puissions remonter dans l’histoire, force est de constater que les plus grands fléaux que l’humanité ait connus à cause des hommes, c’est l’orgueil qui en est la cause ; la volonté de puissance, de domination, d’égos surdimensionnés, d’hommes qui s’auto-divinisaient, ou prétendaient être les dépositaires d’une mission au nom d’une idéologie, d’une suprématie de race ou pire encore au nom d’un Dieu. A cause de ces êtres qui se croyaient d’exception, l’humanité a connu les guerres, les massacres, les déchirements : leur orgueil sans limite a couvert la terre de sang et de ruines, d’autant plus qu’ils ont su mettre et mettent toujours à profit tous les progrès techniques de leurs époques, pour accroitre au maximum leurs ravages et leur besoin de s’imposer et d’imposer leur conception du monde. Du reste, c’est avec ces mêmes progrès, que la folie de l’incommensurable orgueil des hommes, du moins de certains, ne met plus seulement en péril l’humanité mais l’existence même de sa planète.
La société actuelle, depuis le début de la création du cinéma, puis de la télévision et maintenant des moyens médiatiques de plus en plus sophistiqués, a fait développer une autre forme d’orgueil, sans doute moins dangereux pour l’humanité, quoique …, mais qui couvre de ridicule celle ou celui qui en est atteint, et la haute opinion que peuvent avoir d’elles ou d’eux-mêmes, les « vedettes », starisées à outrance et encensées par leurs « fans », vedettes du show bizz, de l’écran, petit ou grand ou du sport. On parle d’eux comme des « idoles ». Ces orgueilleux n’arrivent à se complaire que dans la société de vils flagorneurs qui y trouvent leur intérêt, ou de leurs idolâtres qu’on pourrait plutôt qualifier d’« idiolâtres ». La beauté physique ou la technique sportive ne sont que passagères, voire éphémères, un simple accident, une simple maladie peuvent les effacer comme un coup de gomme sur un dessin, l’âge va même les réduire à néant.
Nous assistons depuis quelques temps à une nouvelle conception de l’entraide universelle, les « œuvres sociales ». Bien entendu, ces initiatives généreuses sont des plus louables et on ne peut qu’encourager cette forme de fraternité et d’aide aux moins « chanceux » de la vie. Toutefois, la surmédiatisation de ces actions a tendance à leur donner un caractère plus spectaculaire que fraternel et, là aussi, l’orgueilleux y voit un moyen de s’y montrer avec ostentation, de se faire applaudir et glorifier. Le bien fait est surtout fait à son avantage. Dans ce domaine aussi, il n’est que de voir le nombre de « vedettes » qui s’y pressent pour soigner leur image et, malheureusement, pas toujours bénévolement.
L’orgueil rend l’être humain totalement aveugle sur sa propre personnalité en l’abusant sur sa valeur réelle. C’est une introspection permanente de notre moi profond qui nous permet de nous remettre à notre véritable place, d’éviter d’être infatué de notre propre personne, de nous faire comprendre notre propre dimension. Le sage est simple, humble, sincère, et c’est avec ces qualités qu’il trouvera la connaissance, les trésors de l’esprit, la vérité. Nos Grands Esprits, nos guides, nous enseignent que dans le monde supérieur, les vaniteux seront humiliés et leur prochaine réincarnation risque fort de leur faire vivre ce qu’ils ont imposés à leurs semblables avec force et parfois cruauté, lors de leur passage dans leur vie précédente. A leur tour, ils connaîtront le tourment, le travail pénible, les privations, le désespoir. Parfois même, plusieurs réincarnations seront nécessaires pour effacer définitivement de l’âme ce cancer spirituel qu’est l’orgueil.
Etre sage, c’est d’abord réaliser que nous ne sommes qu’un élément d’un grand tout, nous sommes infimes dans l’infini mais nous participons à ce grand tout en vertu de la présence divine qui est en nous. Dans nôtre présente courte existence, nous n’avons d’autre but que de rechercher sans cesse l’élévation spirituelle qui nous permettra d’accéder à d’autres plans plus élevés, plus proches du divin. Nous ne sommes pas l’aboutissement de l’œuvre créatrice, mais un simple maillon d’une chaîne sans fin. C’est par la réflexion, l’observation et l’étude de la nature, le raisonnement, que nous y arriverons. Mais l’orgueil est un obstacle à cette élévation et nous fera irrémédiablement retomber dans des zones plus obscures des mondes inférieurs où trainent les âmes qui n’arrivent pas à se délivrer de ce fardeau.
A ce stade, il parait cependant judicieux de faire une mise au point. Il faut savoir faire la distinction entre l’orgueil insensé qui fait croire à un être qu’il est au-dessus de toute contingence humaine du fait de l’importance démesurée qu’il se donne et lui fait perdre tout sens de la réalité et de la mesure de sa propre existence, et l’orgueil intérieur que peut ressentir une personne qui vient de se rendre compte qu’elle a pu accomplir un exploit ou une chose qu’elle ne pensait pas pouvoir faire ou réaliser, une réussite à un examen, une épreuve sportive, la victoire sur une phobie, par exemple. Là, il s’agit d’une fierté personnelle tout à fait compréhensible qui lui permet de s’élever dans sa propre estime, sans pour autant la persuader qu’elle est désormais au-dessus des autres. Le respect de ses semblables doit toujours commencer par le respect de soi-même.
Druide /|\ KadFeal
Clairière Morgane du C.D.G.
Sources :
- Robert Ambelain – Les Traditions Celtiques – éditions Dangles
- Paul et René Bouchet - Les Druides, science et philosophie – éditions Robert Laffont
- Léon Denis (1846-1927) – Après la mort – éditions Jean Meyer
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