College Druidique des Gaules

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Le Mythe de la Triple Déesse

Dans la tradition celtique, le chiffre 3 revient sans cesse, ne serait-ce que dans les triades. On ne peut, bien entendu, tout ramener au chiffre 3. Les nombres ont &été le sujet d’études des pythagoriciens à partir de la tétraktis. Nous vivons avec les nombres, les chiffres et leurs combinaisons. La durée de l’année de 12 mois est divisée en 4 saisons, chaque saison dure 3 mois. Les 12 mois se divisent en 2 semestres de 6 mois, le 2 symbole de la dualité, les 2 narines et le double souffle, les 2 yeux et la double vue, pour certain(e)s, le double souffle, la double polarité. Dans la tradition celtique, cela commence avec les 3 cris de la lumière sonore, le Tribann.

 

Le christianisme a pour base la trinité, père, fils et saint esprit qui exprime la partie féminine*.  C’est pourtant l’image du couple divin qui engendre un 3ème membre : le fils, en fait, 2 forces de sens contraires mais indissociables qui engendreront un mouvement qui en est la résultante.

 

Dans l’Hindouisme, cette trinité porte le nom de « Trimurti », les 3 visages d’une même réalité, ce sont Brahma (principe créateur) Vishnou (principe conservateur), Shiva (principe destructeur mais aussi transformateur et re-constructeur) Ces principes se trouvent en chacun de nous dès la naissance et sont à l’œuvre, ensemble, durant toute notre vie.

 

Dans la tradition occidentale, un certain nombre de Déesses sont triple. Comme en Inde, les Déesses sont les manifestations du pouvoir qui, lui, est statique et pure conscience, elles sont les énergies qui manifestent ce pouvoir. Dans le Celtisme, certaines de cs Déesses sont les reliquats de civilisations antérieures relevant des temps de la primauté du « matriarcat » mais pas toutes cependant, certaines sont arrivés avec les Dieux Aryens. La mythologie grecque parle de la triple Hécate qui était, au départ, une divinité «auspicieuses», mais qui, peu à peu, a acquis la spécificité d’être liée à la magie. Elle appartient au monde des ombres et apparaît aux magiciens et sorciers avec une torche dans chaque main, ou, sous une forme animale. On dresse sa représentation aux carrefours sous la forme d’une femme à 3 têtes ou 3 corps.

 

Dans les manifestations des Déesses du monde celtique, une figure s’impose, celle de la Déesse Brigid (ou Brigitte) Elle est la fille du Dieu Dagda, parfois son épouse, parfois sa mère, en fait elle représente les 3 âges de la vie : la jeune fille, la femme mature et la vieille femme. C’est la grande Déesse de l’Irlande, ce pays est encore placé sous sa protection.

 

Son nom est tiré de la racine « bri » qui signifie haut, hauteur. Elle est la déesse des 3 classes de la société, elle inspire la classe sacerdotale des bardes par la poésie guerrière, elle protège la royauté et les guerriers. Comme Lug, elle est polytechnicienne (comme la déesse grecque Athéna) et donc révérée aussi par la 3ème classe, celle des paysans, artisans, marchands.

 

La Sainte Brigitte, abbesse fondatrice du monastère de Killdare semble être une tentative de christianisation de la déesse qui y été vénérée. Du reste, ce lieu était un ancien sanctuaire druidique : Cill dare (ou déru), sanctuaire du chêne, où 9 vierges consacrées veillaient, comme les vestales romaines, sur un feu sacré. La déesse était invoquée pour les guérisons, la divination, la poésie, elle présidait aussi au travail des métaux et veillait sur le feu du foyer et sur la tribu, elle unit la technique, l’habileté et la subtilité intellectuelle.

 

Triple, elle est aussi la Déesse du monde souterrain et veille sur la procréation, la naissance et la mort. Déesse de la terre, elle est présente dans les 3 saisons : printemps, été, hiver, elle anime la végétation, les plantes, les arbres et toutes les créatures vivantes. Déesse du ciel, elle est dans la Lune et ses 3 phases : en tant que nouvelle Lune, elle est est vierge et représente le printemps, en tant que pleine Lune, elle est la femme, l’été, et en tant que Lune décroissante, elle est la vieille femme, l’hiver. Le trèfle à 3 feuilles lui est consacré et, il est demeuré le symbole de l’Irlande. C’est aussi le Triskèle, la représentation des 3 mondes, physique, psychique et spirituel. C’est aussi la me signification dans les fontaines druidiques avec leurs 3 bassins superposés, elle représente les 3 dimensions du temps que l’on retrouve dans le Tribann ou le caducée du Dieu Mercure. 

 

Connue aussi sous le nom de Brigantia, elle est la Keridwen galloise ou la Belisama gauloise. Cette même triplicité se retrouve en la Déesse Dana (dé Ana) ou Danu ou encore Don ou Anna. C’est la Grande Déesse mère des Tuatha, la mère de tous les Dieux. Elle correspond aux « matres » gauloises. On la connaît aussi sous le nom de Morigena (née de la mer) ou Morrigane (la grande reine), elle est encore Rhiannon ou la Modron galloise (la maternelle) et encore la fée Morgane des légendes arthuriennes. Elle a laissé de nombreuses traces sur les chemins des migrations des tribus aryennes, depuis l’Annapurna (la suprême ANA) de l’Hymalaya en passant par l’Anna Perenna (l’ANA éternelle) des Romains.

 

En Bretagne, c’est Sainte-Anne, celle que l’on surnomme « Mam Goz » (la vieille mère) mère de la Vierge Marie. Cette Déesse, ramenée à la triplicité est en fait quintuple, elle le manifeste par les 5 éléments, elle règne sur les 5 royaumes d’Irlande, elle rayonne sur les 5 directions puisque la 5ème direction est le centre, équivalant au royaume de Tara. Bien sûr, elle règne aussi sur les 3 mondes, représentée sous la forme d’un oiseau et plus particulièrement sous la forme d’une oie dont on a retrouvé l’effigie sur le portique aux crânes de l’oppidum salyien d’Entremont. Elle est également le symbole du principe de l’âme dans son voyage.

 

L’emblème de la Grande Déesse est le losange, son animal totem : la chouette. Elle est représentée dans le Tribann, d’abord par le rayon blanc, central lié à Skiant, la science, la connaissance l’INCRÉE, puis le rayon bleu, lié à Korridwen, la mère, Karantez, l’amour, Tamas, l’inertie, enfin le rayon rouge, celui du fils, Hu Kadarn, avec Nerz, la puissance. Ce culte de la triple Déesse se retrouve en filigrane dans le culte des 3 vierges de Notre Dame de Chartres, Notre-Dame de dessous terre, Notre-dame du Pilier, Notre-Dame de la Belle-Verrière.

 

 

Le Triskèle, emblème de la Déesse dans sa manifestation d’énergie tourbillonnante**, est également l’emblème de l’île de Man dont le blason représente 3 jambes courant avec au centre le visage du Dieu Mananann Mac llyr. Il en est de même avec celui de la Sicile grecque, 3 jambes courant avec au centre une tête de Gorgone. Deux cités de la Sicile grecque portaient les noms de Marganë et de Morgantina, sans doute en rapport avec Morgane-Morgwen. Dans le détroit de Messine, on parle d’un phénomène lumineux nommé la « Fata Morgana ».

 

 

 

Eubage /|\ FIONN

 

 

* Tout comme les autres religions issues « du livre », le Judaïsme et l’Islam, le Christianisme a été entièrement « patriarchisé », les femmes n’y jouant qu’un rôle subalterne. Donc le Saint-Esprit, terme beaucoup plus neutre » a remplacé la mère dans la trinité chrétienne. Par contre, dans les panthéons du proche et moyen-orient, les Dieux étaient toujours accompagnés d’une parèdre féminine, y compris le Dieu El des sumériens, devenu par la suite Al lah en Islam. La racine El se retrouve dans le nom de nombreux anges ou prophètes.

 

** On peut y voir également les 3 stades de l’œuvre alchimique, la matière brute (ou noire), la purification (ou blanche) et la rubification (ou rouge, le résultat final)

 

Druide /|\ Kadfeal

 



19/07/2018
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