College Druidique des Gaules

Ce qui se dit concernant la vérité est susceptible de varier en fonction de la personnalité de chacun, de varier en fonction de la conscience qui le pense. Tout ce qui existe n’a pas d’autre réalité. Pour paraphraser Ponce Pilate,  je me pose la question : « qu’est-ce que la vérité ».

Il y a la vérité scientifique qui se dégage d’un grand nombre d’expériences. La vérité de la science rationnelle se base sur des expériences répétitives et constantes car elles doivent donner le même résultat dans des conditions expérimentales identiques. A partir de cette quantité d’expériences, on dégage une loi.  Et  l’on vérifie cette loi par une extrapolation qui demande souvent une nouvelle expérimentation. Ainsi, les éclipses du soleil ont confirmé les hypothèses de la théorie de la relativité d’Einstein qui est ainsi devenue « vraie ». La possibilité d’extrapoler cette loi la rend, de ce fait, universelle par récurrence. Mais, croyant atteindre l’infini, on atteint seulement l’indéfini, ce qui est complètement différent. Mais, passons sur ce débat qui dépasse notre sujet.

Il existe une autre vérité qui part de l’expérience personnelle que tout le monde peut connaître. Ce que l’on a vécu ne peut-être que vrai, c’est une certitude que personne ne peut détruire. Quand je vois le ciel de couleur grise, je peux vous dire qu’il est bleu parce que, en tant que daltonien, je retrouve la nuance grise correspondant au bleu ciel des autres, mais, je vous assure, pour moi, il est gris. Malheureusement, cette vérité n’est vérifiée que par une seule personne et souvent, au cours d’une seule expérience. Elle est donc refusée par le monde scientifique puisque non répétitive, elle ne répond pas au standard de l’objet de la science. Cette vérité n’est alors pas objective, alors elle devient subjective.

Ces deux  approches ne peuvent pas se rejoindre. Ajoutons, pour notre part, que la vérité que l’on voudrait objective ‘existe pas à notre niveau car elle atteindrait alors l’infini et donc le divin. En tant qu’êtres crées et relatifs, la Vérité Absolue ne peut être atteinte par nous et nous en percevons seulement une partie.

Il existe une solution intermédiaire et pragmatique. L’homme, vivant en société, il lui faut trouver un moyen terme, ce sont les règles édictées par le groupe et acceptées par le plus grand nombre. Elles prennent différents noms : moyennes, normes ou standards. Ces règles instaurées dans certains domaines prendront alors un caractère de vérité. Mais e plus grand nombre ne veut pas dire tout le monde. Et l’on retrouve une nouvelle fois la difficulté, quand on veut faire une loi dite universelle, il y a des gens qui ont le droit de la contredire au nom de LEUR vérité.

Sur un plan philosophique, même dans le cas où la vérité existerait, il n’en resterait pas moins que son approche serait encore subjective parce que seul un sujet peut déclarer qu’elle est vraie. Elle perd de ce fait la dimension universelle qu’on veut lui attribuer au départ.

Au niveau historique, la société que nos vivons actuellement, s’est voulue hégémonique, centralisatrice et hiérarchisée. Nos anciens vivaient autrefois dans une société qui permettait davantage le progrès de la personne. Ainsi, au fil de l’histoire récente, la notion rationnelle de la vérité s’est imposée au détriment de celle de sa propre vérité.

A ce propos, l’initiation nous lie à la découverte d’une nouvelle vérité, vérité vécue au fond de soi et donc, forcément, vraie. Alors, au sortir de cette épreuve physique ou mentale, l’accession à un nouveau statut par la découverte de cette nouvelle vérité nous remplit d’une joie intérieure.

Denis Chausson

Druide /I\ KEVRINEL

Samonios 4382

(novembre 2009)